Financement, compétences, technologies... Découvrez les principaux leviers et obstacles

Comment relever les défis de la transition énergétique et de la décarbonation ?

Eolienes bord de mer
  • Publication
  • 11 déc. 2023

Face aux défis majeurs que présente la crise climatique et les réglementations de plus en plus strictes qui y sont associées, il est devenu essentiel pour les entreprises de se mettre en ordre de bataille pour engager leur transition énergétique. Au travers d’une étude réalisée en partenariat avec le magazine L’Usine Nouvelle auprès de 346 décideurs de l’industrie française, nous avons réalisé un état des lieux de la transition énergétique en France et analysé en profondeur les principaux leviers et obstacles à la décarbonation. 

 

Si nous avons observé une approche très conservatrice pour la majorité des entreprises, un petit groupe d’early movers nous a permis d’identifier les facteurs clés de succès pour bien engager sa transition et lever les freins à la décarbonation de l’industrie. Ici, nous vous proposons un éclairage sur les principaux enseignements de cette étude et quelques bonnes pratiques à adopter.

La transition énergétique : un engagement inégal et une diversité de motivations

L’étude montre que les entreprises françaises mettent progressivement en place des politiques de décarbonation, encouragées par un cadre réglementaire renforcé depuis les accords de Paris en 2015. Si l'engagement s'intensifie, il reste inégal : certaines entreprises ont pris les devants dès le début des années 2000, tandis que d'autres ont attendu le vote de la loi énergie-climat en 2019. On constate également que les PME avancent plus lentement que les grands groupes contraints par la réglementation, et les industries fortement émettrices restent prudentes sur leurs engagements, conscientes des défis technologiques et financiers que cela implique.

Des contraintes règlementaires qui poussent la transition dans les grandes entreprises 

L'année 2015 a marqué un tournant décisif dans la transition climatique des entreprises françaises, avec la signature des Accords de Paris et la mise en place de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Les réglementations qui en ont découlé ont incité les grandes entreprises à s’engager de façon proactive à réduire leur empreinte carbone, notamment l’obligation de Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF) en 2017 et la loi énergie-climat votée en 2019. Ainsi, si seulement 7 % des répondants déclarent avoir engagé leur transition avant 2015, ils sont 50 % à s’être lancés après 2019.

Parmi les deux tiers de décideurs ayant déclaré avoir défini des objectifs en matière de transition énergétique et de décarbonation, il n’y a que 50 % des PME interrogées, contre 88 % des grandes entreprises. Cela s’explique d’une part par une réglementation concernant principalement les grandes entreprises cotées et, d’autre part, par un accès plus difficile au financement de la transition climatique et aux technologies de décarbonation pour les PME.  

Différents profils d’entreprise, différentes motivations 

Les principaux moteurs de la transition énergétique varient selon le type d'entreprise et le degré de maturité de cette transition. On note par exemple que les grandes entreprises sont principalement motivées par leurs parties prenantes et par une réglementation plus stricte, alors que les entreprises à un stade avancé de transition recherchent plutôt des gains de compétitivité. 

En effet, la transition énergétique se présente comme une opportunité de croissance pour certaines entreprises. On note ainsi que celles ayant engagé leur transition dans cette optique sont également celles qui ont obtenu les meilleurs résultats par rapport à leurs objectifs.

De manière générale, on remarque une augmentation de la prise de conscience de la responsabilité quant aux risques climatiques et à la dépendance énergétique. 

De la prudence dans les engagements de décarbonation des entreprises fortement émettrices

Les données de l'étude mettent en lumière un fait essentiel : les entreprises qui sont dans des secteurs à fortes émissions directes de carbone, c’est-à-dire celles dont les scopes 1 et 2 sont prépondérants, sont plus prudentes dans leurs engagements en matière de décarbonation. 

En effet, les secteurs tels que l'industrie lourde, la pétrochimie, l'acier, etc., dépendent souvent de technologies et de processus de production complexes, difficiles à décarboner. Pour autant, les industries d’équipements informatiques, du caoutchouc et du plastique et d’ameublement sont les trois secteurs ayant les plus gros objectifs de réduction de leur intensité CO2.  La transition vers des sources d'énergie plus propres et des processus de production décarbonés peut nécessiter des investissements importants et beaucoup de temps pour la recherche, le développement et la mise en œuvre. Conscientes des coûts potentiels de cette transition, elles sont donc moins enclines à faire des annonces hâtives. 

En 2023, un certain nombre d’entreprises a été contraint de revoir à la baisse quitte à ne pas être validées par le SBTI (Science Based Targets Initiative). Cette initiative, soutenue par les Nations Unies, évalue et contrôle les objectifs de réduction de CO2 des entreprises afin de garantir qu’ils soient assortis d’une feuille de route et d’objectifs suffisamment concrets.

Trois principaux leviers permettant aux entreprises d’engager leur transition énergétique

Seulement 18 % des décideurs interrogés déclarent être en retard sur leurs objectifs, alors que 38 % déclarent être en avance. Ce résultat est cependant à interpréter avec précaution car il peut être dû en partie à une baisse de production pendant la pandémie COVID et à l’augmentation des prix de vente. Si le taux de retard est à peu près similaire entre GE, ETI et PME, on notera cependant qu’il est plus élevé pour les entreprises des secteurs fortement émetteurs déjà cités plus haut.

Une variété d’outils à la disposition des entreprises

Les entreprises les plus avancées dans leur transition énergétique ont su exploiter un éventail d’outils pour atteindre leurs objectifs de décarbonation. Ces derniers se répartissent en trois catégories : la technologie, les compétences et le financement. 

Plus on mobilise d’outils, plus on a de chances de réussir. 

Aussi, quel que soit le degré d’avancement de la transition de l’entreprise, les deux principaux leviers activés sont la sobriété et l’efficacité énergétique. Ce sont, de fait, les leviers les plus accessibles, car ils ne requièrent pas nécessairement de compétences ou de technologies particulières. 

L’écart se creuse sur la production et l’achat d’énergies bas carbone ainsi que sur les procédés décarbonés. En effet, ce sont des leviers plus complexes à mettre en œuvre et qui requièrent des investissements ainsi que des compétences technologiques. Ils sont toutefois plus puissants et peuvent contribuer de manière significative à l’atteinte des objectifs de décarbonation, notamment pour les entreprises ayant pris du retard sur leur transition énergétique.

Des politiques de décarbonation qui demeurent très conservatrices

La majorité des entreprises interrogées, quel que soit leur degré d’avancement, déclarent autofinancer leur transition énergétique. Pourtant, elles déclarent également majoritairement que le financement est leur frein principal à la décarbonation, alors même que les mécanismes de financement tels que les levées de fonds et les prêts bancaires sont encore largement sous exploités. Ce paradoxe relève probablement plus d’un manque de compétences financières en interne, lequel est identifié comme le second frein à la décarbonation. Il est par ailleurs intéressant de noter que les entreprises faisant appel aux aides publiques sont relativement peu nombreuses, mais ce sont celles qui sont le plus en avance dans leur transition. 

L'accès aux technologies, quant à lui, n’est pas perçu comme un problème majeur. On remarque cependant que lorsque l’on pose la question du besoin de compétences, la maîtrise technique et technologique arrive en seconde place, juste derrière les compétences financières. Cela s’explique par le type de leviers mis en place. Si la transition débute généralement avec la sobriété et l’efficacité énergétique, aller plus loin implique une transformation technologique. Implémenter des solutions telles que la production autonome d’énergie décarbonée, l’utilisation de matières premières recyclées, le contrôle des émissions fugitives ou la capture et le stockage du carbone (CCUS) requiert des compétences spécifiques. Cette étape n’a pour l’instant été franchie que par les précurseurs. 

La transition énergétique, pour réussir, il faut s’y mettre !

Les entreprises qui ont engagé leur transition en premier (early movers) ont progressivement acquis l’engagement de leur équipe de direction, défini une vision, aligné leurs équipes et même trouvé les financements nécessaires. Elles doivent maintenant se doter des ressources et des compétences supplémentaires pour mener les actions, peu rentables à court terme, leur permettant d’avancer dans leur transition. Les entreprises qui se sont engagées tardivement ou ne se sont pas encore engagées dans leur transition vont, quant à elles, devoir rattraper leur retard rapidement en définissant des feuilles de route leur permettant de lever tous les freins presque simultanément.

Gouvernance et monitoring : les éléments clés d’une transition bien engagée

Parmi les facteurs clés de réussite, notre étude fait ressortir l'impact majeur de la gouvernance dans le processus de décarbonation. On observe un taux de retard inférieur de 26 % pour les entreprises qui ont mis en place une gouvernance pour leur transition.

Mais qui dit gouvernance, dit pilotage. On remarque que là aussi, les entreprises en avance dans leur transition sont majoritairement bien équipées en outils de mesure et de traitement des données. Ainsi, même si l’accès aux technologies d’efficacité énergétique n’est pas considéré comme un frein, rapidement, des outils de pilotage vont s’avérer nécessaires pour identifier les éventuels problèmes, les zones à optimiser et pour piloter la performance énergétique opérationnelle. De nombreuses solutions sont disponibles sur le marché et peuvent accompagner une accélération de la transition.

Ce que l’on peut conclure des données de cette étude, c’est que plus tôt une entreprise commence sa transition et plus elle a de chances de réussir. Les entreprises les plus avancées montrent qu’en prenant le temps d’aligner leur direction et leurs collaborateurs, elles ont pu définir une feuille de route détaillée leur permettant d’identifier leurs besoins, budgéter les actions et se fixer des objectifs ambitieux, mais réalistes. Une fois cette gouvernance définie, elles ont pu aller chercher les compétences nécessaires à accélérer leur transition, de manière efficace et tout en saisissant les opportunités d’en faire un levier de rentabilité. 

Enseignements clés

Les enseignements de notre étude confirment ce que nous avons pu observer chez nos clients. 

  • Le premier défi à surmonter est celui de se lancer en fixant des objectifs et une feuille de route concrets assortis d’une gouvernance (50 à 90 % des répondants). 

  • Le second défi est celui du financement car il requiert des compétences spécifiques pour identifier les aides et subventions et engager l’ingénierie financière propre aux sujets de décarbonation (moins de 50 % des répondants utilisent des moyens alternatifs à l’autofinancement). 

  • Enfin, le troisième défi est celui de la transformation des activités, des moyens de production ou des ressources énergétiques (moins du tiers des répondants), alors même que cela peut s’avérer être un levier de rentabilité répondant aux nouvelles règles du jeu environnementales.

Les questions auxquelles il s’agit donc de répondre sont celles du niveau de maturité de l’entreprise, des outils dont elle a besoin pour passer à l’étape suivante et de la façon de surmonter les principaux défis que sont le financement, la rentabilité et les compétences requises.

Ce sont les questions auxquelles nos équipes spécialisées dans la transition énergétique et la décarbonation peuvent vous aider à répondre.

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Tony Tanios

Tony Tanios

Directeur, PwC France et Maghreb

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