Relocalisation des achats stratégiques

Cette étude s’inscrit dans un contexte de questionnement sur notre dépendance économique à des importations stratégiques et de balance commerciale structurellement déficitaire

Mars 2021

La crise sanitaire, économique et sociale liée à la Covid-19 qui frappe le pays depuis le début de l’année 2020 a mis en lumière la dépendance française à certains produits fabriqués à l’étranger. 

Elle a renforcé la nécessité d’une reconquête industrielle et d’une relocalisation de certaines industries stratégiques au sein du territoire national.

La désindustrialisation un phénomène ancien

La question de la désindustrialisation renvoie à une tendance de fond, illustrée par l’évolution de la balance commerciale française, structurellement déficitaire depuis 2003 (voir illustration en annexe) et par la faible part de l’industrie dans le PIB national, en comparaison avec l’Allemagne ou l’Italie notamment.

La relocalisation apparait pertinente dans la mesure également où les structures de coûts de production ont évolué et rendent compétitives de telle opération dans certains secteurs clés (ex. pharmaceutique, électronique, etc.).

Un potentiel de relocalisation très significatif

L’étude sur la relocalisation des achats stratégiques, lancée en avril 2020 dans le cadre du partenariat entre le Conseil National des Achats et PwC avec la participation de la DGE, permet d’identifier les catégories de produits les plus propices à une relocalisation en France, en réponse à trois enjeux : la souveraineté économique, la sécurisation des approvisionnements et le développement économique avec impact sur l’emploi.

Cette démarche originale s’appuie à la fois sur l’analyse classique des données et sur la mobilisation d’une quarantaine de Directeurs Achats.

Dans un premier temps la démarche d’identification des catégories concernées repose sur un indice de criticité ainsi qu’une étude approfondie des différentes filières présélectionnées.

Afin de définir les catégories d’achats propices à des relocalisations, PwC a sélectionné quatre filières industrielles qui représentent environ 70% du volume d’importations en France, soit 382 milliards d’euros : la santé/pharmaceutique, l’agroalimentaire, l’électronique et les industries de process et d’assemblage. 


PwC a établi un indice de criticité afin de déterminer les importations "sensibles" potentiellement prioritaires pour une relocalisation


Un « indice de criticité » basé sur 7 indicateurs liés au commerce extérieur (voir illustration ci-contre) a été construit afin de classer les différentes catégories de produits au sein des filières préalablement identifiées.

Appliqué à ces 289 catégories de produits, cet indice a permis de pré-sélectionner 113 catégories de produits sensibles, représentant 283 milliards d’euros d’importations.

Dans un second temps, la démarche repose sur les analyses d’experts, avec la mobilisation d’une quarantaine de Directeurs d’achat des grands donneurs d’ordre industriels français

La liste de catégories dites « sensibles » a été soumise à des groupes de travail composés de Directeurs Achats des principaux donneurs d’ordre. Ces groupes ont permis de compléter et prioriser cette liste, au regard des bénéfices et de la faisabilité d’une relocalisation.

Catégories prioritaires à la relocalisation

Ainsi le CNA et PwC ont défini 58 catégories propices et prioritaires pour des relocalisations, représentant un total de 115 milliards d’euros et 275 000 emplois, directs et indirects, potentiellement relocalisables.

La démarche a ainsi abouti à 58 catégories propices et prioritaires pour des relocalisations en France (ex. protéines de pois, médicaments pour le diabète, moteurs électriques de transmission de puissance, etc.), pesant au total 115 milliards d’euros. Pour 18 de ces catégories, il s’agit d’ancrer les nouvelles fabrications ou nouveaux services en France. Pour le reste, il s’agit de relocaliser des productions stratégiques aujourd’hui effectuées dans des pays étrangers. En supposant que 20% de ces importations soient relocalisées, cela permettrait de créer plus de 75 000 emplois directs et 200 000 emplois indirects (voir illustration ci-contre).


Synthèse des résultats

Etapes suivantes

Cette étude a permis de quantifier un potentiel de relocalisation. Dans un second temps, il convient désormais d’évaluer les impacts socio-économiques de telles relocalisations, en formulant une approche par segment (une même catégorie peut être composée de plusieurs segments d’achats). Cette approche permettra d’établir une balance coûts / bénéfices (ex. surcoût direct d’une production locale vs sécurisation des approvisionnements) pour chacune des catégories et chacun des segments en leur sein. Ces études micro-économiques sont un préalable à la mobilisation des donneurs d’ordres et des preneurs d’ordre sous l’impulsion des pouvoirs.

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Olivier Lluansi

Olivier Lluansi

Associé, Strategy& France

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